LE SECTEUR INFORMEL DANS L’ÉCONOMIE DE LA CÔTE D’IVOIRE


Le secteur informel occupe une place importante dans l’économie en Côte d’Ivoire comme dans la plupart des pays en voie de développement. Depuis quelques années, ce secteur s’est imposé comme un axe incontournable pour le développement de l’économie nationale, en raison de la longue période d’instabilité qu’a connu le pays et de la réduction subséquente de l’emploi dans le secteur formel ou moderne.

Mais les économistes ne sont pas du même avis quand il s’agit de l’impact du secteur informel sur nos économies locales. Certes, sa contribution au PIB est élevée et son taux d’employabilité surpasse largement celui du secteur formel. Il n’en demeure pas moins qu’il existe un désaccord lié à la perception que les uns et les autres ont de cette forme d’économie.

L’économie informelle se présente comme l’ensemble des activités productrices de biens et services qui échappent aux services de régulation publique fiscale.

Selon le Bureau International du Travail (BIT), il s’agit de l’ensemble des activités économiques réalisées par un secteur non structuré qui prend en compte tous les secteurs économiques, primaires, secondaires et tertiaires.

L’ensemble de ces petites unités de production fonctionnent comme des entreprises, mais ne possèdent pas de numéro d’enregistrement fiscal et ne tiennent pas de comptabilité écrite. La plupart d’entre n’ont pas d’existence légale.

Les acteurs sont constitués majoritairement de personnel de services, de vendeurs de magasin et de marché : marchands ambulants, marchands sur étalages, artisans (menuisiers, maçons, mécaniciens, etc.), services domestiques (ménages, lavage, repassage…), agro-alimentaire (eau, jus, produits laitiers, tisanes, conditionnement de produits vivriers etc.). Ces acteurs se retrouvent aussi dans la fabrication d’ustensiles de cuisine et de matériaux divers.

A ce jour, il est difficile de donner un nombre exact des acteurs de l’économie informelle.

Contrairement au secteur formel, ceux qui y travaillent ont un salaire minimum inférieur au Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti) qui est de 60 000 F CFA. Et la majorité a un niveau d’étude primaire constituant ainsi une main d’œuvre à  moindre coût et très souvent jeune.

Le financement des activités informelles se fait par des emprunts, souvent à partir des ressources familiales ou communautaires. On note quelques rares fois,  des prêts de fournisseurs, banques et institutions de microcrédit.

Les conséquences de l’économie informelle sur nos économies locales sont visibles. Selon l’écrivain Janet Mac Gaffey, l’informel donne lieu à une évasion fiscale généralisée, le mépris des lois, et tout cela s’oppose à la légitimité de l’Etat et la morale de l’administration.

A tout ceci, s’ajoute le non rapatriement des devises, la difficulté d’accès au système bancaire, la rétention de stock, la fixation de prix fantaisistes. Choses qui peuvent entraîner un profond dysfonctionnement, voire un déséquilibre de l’économie nationale.

En clair, le secteur informel participe à fausser les politiques de planification et à priver l’Etat de revenus qui s’avèrent importants pour faire face à ses multiples engagements.

Il revient donc au gouvernement ivoirien d’organiser ce secteur vu son importance dans le tissu économique du pays d’abord à travers la mise en œuvre de mécanismes d’identification et d’encadrement des acteurs ; ensuite par l’instauration de politiques de soutien et de promotion de l’entrepreneuriat. Ceci contribuera à la relance économique du pays.

C’est bien dans ce contexte que la troisième édition de la JNP 2017 entend jeter un regard dans ce secteur, afin de penser à une structuration d’une part pour la constitution d’un tissu  d’entreprises compétitives indispensables à la croissance économique  et d’autre part  pour le renforcement  du Dialogue public Privé. Et cela à travers le thème : « encadrement du secteur informel : source de croissance et de compétitivité de notre économie ».

 

Sercom CCESP

Auteur

C.C.E.S.P

Le Secteur Privé constitue dans toutes les économies modernes, le véritable moteur de la croissance. Conscient de cette réalité, le Gouvernement ivoirien a fait de la promotion du Secteur Privé un des axes stratégiques de sa politique de développement économique.