JNP 2021 / REPRISE POST-COVID


C’est l’heure de l’action autour des plans de développement.

Pour l’ensemble des intervenants au premier panel de l’édition 2021 de la Journée Nationale du Partenariat  Etat Secteur Privé, l’heure est venue de passer à l’action pour redresser l’économie  face aux effets pervers de la Covid 19. Beaucoup de défis restent à relever. Fort heureusement, la vision prospective 2021 et le plan de développement 2021-2025 montrent la voie à suivre et mettent Etat et Secteur privé face à leurs responsabilités. 

« Reprise économique post Covid : rôle de l’Etat et stratégie des entreprises », tel était le thème du panel 1 de la JNP 2021 qui a vu intervenir M. Souleymane Diarrassouba, Ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Felix Anoblé, Ministre de la Promotion des Pme, de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur Informel, M. Sain Oguie, Directeur général de l’économie, M. Touré Faman, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire, M. Franck Bony, représentant la plateforme unique des PME et M. Lolo Diby, président de la Fédération nationale de l’industrie Hôtelière (FNIH). Il était question pour ces panelistes de faire des propositions dans le cadre de la relance économique post Covid en s’inspirant des expériences locales et internationales.  

Dans une communication introductive portant sur l’impact économique et sociale des mesures prises par le gouvernement face à la pandémie de la Covid 19 en Côte d’Ivoire, le professeur Alban Ahouré de la Cellule d’analyse des politiques économiques (Capec) du Cires, tirera des leçons de la gestion de la crise. Il indiquera notamment que la croissance économique de 2% en Côte d’Ivoire en 2020 malgré la crise sanitaire est une bonne performance au regard du contexte mondial. Selon son intervention les conclusions des différents scenarii utilisés pour l’étude permettent de dire que «  le plan de soutien a permis de réduire les effets négatives de la pandémie sur le PIB, le revenu du gouvernement, le déficit publique, le revenu des entreprises, le niveau d’investissement global et le niveau d’investissement privé ».  Selon l’étude, les entreprises et les ménages reconnaissent globalement la pertinence des mesures prises. Cependant, ils estiment que les mesures sont insuffisantes avec peu de bénéficiaires, une faiblesse dans la communication, une insuffisance dans le ciblage des ménages bénéficiaires, une insuffisance de mesures à l’endroit des secteurs d’activités les plus sinistrés, etc.

A la lumière des conclusions de l’étude de la Capec et selon ses propres expériences de gouvernant, le Ministre Souleymane Diarrassouba soulignera  que face à la situation de la Covid 19 et ses conséquences dans le long terme, la Côte d’Ivoire est dans une bonne dynamique de reprise. Mieux, la priorité du gouvernement est de s’en tenir au plan quinquennal qu’il s’est donné pour la période 2021-2025 dont la source est le projet de société Côte d’Ivoire solidaire 2030 du Président Alassane Ouattara. « Pour ce qui nous concerne en tant ministère, il est question de travailler sur le pilier important portant sur la transformation structurelle de l’économie à travers l’industrialisation…Aujourd’hui le défi c’est de pouvoir intégrer les chaines de valeurs régionales et internationales ». Pour cela, l’Etat ivoirien doit mettre l’accent sur ses atouts, notamment l’agriculture qui doit être orientée vers la transformation. Par ailleurs, l’Etat s’est choisi des clusters économiques, c’est-à-dire des activités industrielles spécifiques prioritaires à développer dont le secteur des matériaux de construction et l’emballage dans lesquels la demande est très forte. Tout ceci permettra selon le ministre d’augmenter la valeur ajoutée locale, d’impacter le PIB généré par ces secteurs et de créer des emplois décents. « L’heure n’est plus au discours, il faut passer à l’action. Il faut que le secteur privé se saisisse de toutes les opportunités mises à disposition par l’Etat dont le code des investissements, et les conventions additionnelles dans certains secteurs d’activités », a-t-il insisté. 

La formalisation au cœur des préoccupations 
Cependant, pour que les entreprises puissent saisir les opportunités, il faut qu’elles y soient préparées. Les fonds Covid étaient une opportunité que beaucoup n’ont pas pu saisir faute de structuration. C’est le point souligné par M.  Felix Anoblé dans son intervention. Pour lui, les entreprises qui ont le plus souffert de la crise sont bien évidemment les PME et la réponse de soutien financier du gouvernement à hauteur de plus de 350 milliards fcfa tombait à point nommé. Cependant l’Etat s’est retrouvé confronté à ce gros problème. «  Nous avons réellement un problème de structuration de nos entreprises.  Alors que les fonds étaient disponibles, nous n’avons pas pu les absorber tout simplement parce que la grande majorité des PME ne remplissaient pas les conditions minimum, en l’occurrence la présentation de bilan financier ou comptable, la présentation de plan relance, etc.». Par ailleurs, les Pme ne parlent pas d’une même voix à cause de la diversité de faitières, d’où la nécessité selon le Ministre, de créer éventuellement une organisation centrale comme on le voit dans d’autres pays, ou à l’image de la « puissante » Cgeci. 

Les interventions des deux représentants du gouvernement ivoirien sonnent comme un appel aux acteurs du privé à prendre leurs responsabilités pour contribuer à l’atteinte des objectifs de la vision en saisissant la main tendue de l’Etat. Comme quoi la balle est dans le camp du privé. Cependant, pour le représentant de la faitière de l’hôtellerie, M. Lolo Diby, la balle est tout aussi dans le camp de l’Etat. Selon lui, l’Etat devrait faire en sorte qu’aucune entreprise ne soit orpheline. Il donnera l’exemple d’une étude à laquelle il a participé. Celle-ci a mis en exergue un besoin de financement estimé à 37 milliards fcfa pour le secteur de l’hôtellerie. Mais une année après la Covid, seulement 2,5 milliards fcfa ont été attribués. Pour lui, c’est l’écosystème économique ivoirien qui est en cause. Selon son explication, bien que des entreprises soient considérées comme étant dans le secteur informel, elles font des chiffres d’affaires importants. En tout cas, parmi les entreprises qui sollicitaient l’Etat, soit près de 7 000 entreprises, 1/3 des dossiers reçus provenaient du secteur informel sauf que 80% de ces entreprises font plus de 5 millions fcfa de chiffres d’affaires. La question est de savoir pourquoi ces entreprises ne cherchent pas à se formaliser ? Qui devraient les amener ou les obliger à se formaliser ? En d’autres termes, l’environnement économique libéral n’encourage pas les entreprises à se formaliser. En outre, certaines entreprises, bien que formalisées ne sont pas en règle vis-à-vis des normes de leurs ministères de tutelle. Par exemple, dans le secteur du tourisme, seulement 14% d’entreprises ou d’établissements sont en règle vis-à-vis du ministère selon une étude datant de 2019. Ce qui n’est pas de leur fait uniquement, puisqu’ils manquent quelquefois des textes d’application. Ce qui sous-entend, un véritable besoin d’accompagnement de la part de l’Etat pour faciliter le travail du secteur privé.

Auteur

C.C.E.S.P

Le Secteur Privé constitue dans toutes les économies modernes, le véritable moteur de la croissance. Conscient de cette réalité, le Gouvernement ivoirien a fait de la promotion du Secteur Privé un des axes stratégiques de sa politique de développement économique.